Affiche du spectacle "Memory"
Posted by chris | Posted in Actualité , delerm , photos , Théatre | Posted on samedi, décembre 10, 2011
Merci à Adrianar du forum Benabar
Merci à Adrianar du forum Benabar
Monter sur les planches ? Rien de plus naturel pour Vincent Delerm. “Il y a toujours eu des moments de théâtre dans mes concerts, observe le chanteur. Sauf que Memory offre la proportion inverse de ce que j’ai fait jusqu’alors, en réunissant un tiers de chansons et deux tiers de théâtre”. Autre différence de taille : d’auteur-compositeur et interprète, Vincent Delerm est ici aussi metteur en scène et comédien. Dans une mise en scène mêlant textes, chansons, vidéos et images, il incarne Simon, un “personnage qui se pose plein de questions sur le temps, les modes, l’évolution de ce qui nous entoure.” Autant de thèmes chers à l’artiste, qui reconnaît l’existence de traits communs entre Simon et lui-même. “Je ne crois qu’aux projets qui parlent des gens qui les portent. Quand je vois un spectacle, lis un bouquin, écoute un chanteur, j’ai envie qu’il me parle de sa vision”.
Immédiat et mélancolique
Plus qu’un spectacle musical, c’est bien de théâtre qu’il est question. Et le processus d’écriture, tout comme le statut des chansons, diffère profondément. “Composer de la musique pour un spectacle est particulier, les gens la découvrent que sur une seule écoute. Si l’intérêt qu’ont les chansons à synthétiser un propos demeure, le spectacle impose une immédiateté nécessaire, parfois un peu difficile à trouver pour le registre mélancolique”. Quant à savoir si Memory marque un tournant dans son parcours, Vincent Delerm répond “ne pas trop savoir”, avant d’ajouter que ce spectacle correspond “typiquement à ce que je veux faire. J’ai adoré faire de la chanson. Mais faire feu de tout bois de la sorte, en insérant vidéos et objets trouvés au fil du temps, c’est vraiment ce que j’aime.”
L'année prochaine, vous fêterez les 10 ans de votre premier album. Comment vous positionnez-vous vis-à-vis de votre génération de chanteurs ?
Pour beaucoup, cette génération se résume à Delerm, Bénabar, Sanseverino, Cali... Pour moi, ce sont surtout d'autres artistes qui font des choses que j'adore, mais que l'on entend peu, comme Bertrand Betsch ou Florent Marchet. Au début des années 2000, il y a eu un phénomène dans les médias : « Ça fait longtemps qu'on n'a pas parlé de chanson. Et si on faisait un sujet là-dessus ? » C'est toujours plus facile de créer une tendance en réunissant plusieurs noms. Mais ce type de chanson, assez intimiste, existait depuis un moment. Si le premier album de Julien Baer était sorti en 2003 et non pas six ans plus tôt, il aurait sans doute été propulsé chef de file de cette nouvelle chanson française.
Votre succès a beaucoup agacé...
A cause de mon côté tête à claques... et de ma voix ! A cette époque, j'avais fait beaucoup de petites scènes, mais je n'avais jamais mis les pieds dans un studio d'enregistrement ; et sans doute en ai-je rajouté dans l'interprétation pour me faire remarquer, pour faire l'intéressant. Cela dit, l'histoire de la chanson française est très particulière : elle est justement faite d'artistes aux styles vocaux très étranges – c'est même ce qui aide à entrer dans leur univers. Renaud, Moustaki, Brassens... Plus que des chanteurs, ce sont des personnages, qui ont suscité une empathie.
Vous avez souffert du rejet dont vous avez fait l'objet ?
C'était blessant, mais aussi assez flatteur. Les gens qui me connaissaient bien s'étonnaient, autant que moi, de l'image que je renvoyais. On disait que je n'étais pas franc, que j'étais fuyant. Ma seule réponse a été de faire une pochette de disque sur laquelle je regarde bien en face [pour le troisième album, NDLR]. Mais, dans l'ensemble, j'ai été très soutenu par les médias.
Il y a juste eu quelques attaques... violentes, et qui ont pris une certaine importance. Comme cette femme qui m'avait alpagué dans le métro, disant que je ne chantais pas mais que je vomissais. C'était impressionnant, elle l'avait crié très fort ! Une autre fois, un éditorialiste avait souhaité ma mort... ce qui allait quand même un peu loin, pour de la chanson. Puis il y a eu le livre J'aime pas la chanson française, du dessinateur Luz, qui avait fait de moi sa tête de Turc.
On a envie de comprendre tout ça. Or chaque fois que j'ai rencontré des types qui m'avaient dézingué, ils me ressemblaient, avec une petite veste en velours comme j'en portais à l'époque ! Ce n'étaient jamais des brutes avec des tatouages de Johnny sur le bras. Il y avait une proximité, comme si l'idée que je pouvais incarner ce qu'ils étaient les horripilait. C'est curieux.
Votre écriture, avec ce souci du quotidien, a aussi été très critiquée...
Le mot « quotidien » est en effet beaucoup revenu. J'aimais bien – et j'aime toujours – m'inspirer de détails pour écrire, mais c'est toujours pour témoigner d'une émotion ou d'un sentiment plus large. Comme ensuite il y a eu pas mal d'autres chanteurs avec des textes du genre « Tiens, j'ai revu ma copine d'école », on nous a tous mis dans le même sac. Ce fut l'embrouillamini sur l'anecdotique. Ça a l'air prétentieux, mais j'ai eu un peu la sensation de payer pour les autres.
Aujourd'hui, en tout cas, vous présentez un spectacle atypique, Memory, pas du tout un récital de chanson...
Je ne cacherai pas qu'il y a de l'orgueil chez moi à vouloir faire un spectacle qui soit bien... et même plus ! Celui-ci est très théâtral : il n'y a que huit chansons – que je n'enregistrerai pas – et un personnage de fiction, que j'incarne. A vrai dire, quand j'étais plus jeune, je voulais faire du théâtre... mais je n'étais pas très doué. Mes potes étaient capables de jouer des rôles variés ; moi, je ne pouvais jouer que mes propres pièces. Du coup, je suis allé vers la chanson, parce que j'y faisais vivre mes textes. Mais seul, au piano, avec ma façon de chanter, j'ai tout de suite pensé que ce serait limité sur scène. J'ai donc voulu très vite proposer autre chose, avec des voix off, pour que les spectacles soient plus vivants. Memory est une suite logique.
C'est drôle de penser que vous avez commencé par la guitare et le rock gothique...
Qui n'a pas tenté de faire un groupe de rock dans sa jeunesse ? J'aimais beaucoup The Cure et la scène un peu dépressive française, avec Marc Seberg. Le style : « Je marche au bord de l'étang et je vais me jeter dedans ». J'étais dans une phase assez extrême, toujours fourré au rayon cold wave (1) de la Fnac. Il y avait des groupes indus assez flippants, comme Das Ich, des Allemands avec des crêtes, un vrai truc de secte. C'était séduisant, avec un son bizarroïde, très réverbéré. J'avais l'impression de pouvoir y arriver, moi aussi, sur un magnéto quatre pistes. J'ai aussi été très fan de The Divine Comedy... mais c'était difficile de chanter « lyrique » comme Neil Hannon ! Les gens imaginent souvent qu'on choisit son style, alors qu'en fait on fait ce qu'on peut, on suit sa pente naturelle. Heureusement, d'ailleurs. J'ai toujours été touché par le ragtime, par exemple. J'ai toujours adoré le cinéma muet, et toutes les références culturelles qu'on retrouve dans mes chansons.
Et la chanson française ?
C'est un manque de culture que de parler de « la chanson française » en mettant tout dans le même sac. Avec le catalogue Saravah [label historique d'Higelin ou de Brigitte Fontaine, NDLR] et des choses plus expérimentales encore, elle couvre un champ très vaste. Catherine Ribeiro fait de la chanson, et elle ne ressemble à rien d'autre ! « La chanson française », ça ne veut rien dire. Ne pas l'aimer en bloc, non plus. Personnellement, j'ai assez peu écouté Brel et Brassens – Barbara, en revanche, beaucoup. En fait, j'ai surtout écouté Yves Simon, Alain Souchon et toute leur génération. J'aimais ces types, nourris de pop anglo-saxonne, qui ont essayé de la faire vivre en français. Ils ont inventé autre chose.
Vous avez été élevé dans une sacralisation de l'artiste ?
Pas du tout, parce que, au-delà de mes parents [son père écrivain et sa mère illustratrice, NDLR], j'ai toujours vu autour de moi des gens qui écrivaient des bouquins tout en ayant un boulot à côté. En France, c'est le lot de tous les écrivains – à part les vingt ou trente qui vivent de leur plume. J'ai plutôt été élevé dans l'idée qu'il était naturel de faire des choses artistiques, mais intégrées au quotidien.
Le succès soudain de votre père vous a-t-il marqué ?
J'avais 20 ans et c'était dingue. Le succès tardif, il n'y a pratiquement qu'en littérature qu'il puisse arriver : en chanson, un type commence rarement à cartonner à 47 ans ! C'était d'autant plus extraordinaire qu'il s'agissait de mon père ! Bien sûr, je savais qu'il faisait des bouquins, je l'avais accompagné au Salon du livre, où il n'y avait pas grand monde pour les dédicaces. Et, d'un seul coup, il se retrouve à Nulle part ailleurs ! C'était bizarre et incroyable. Son succès, je l'ai vécu plus intensément que le mien. A la fac, je suis devenu une star parce que j'étais le fils du mec qui avait écrit La Première Gorgée de bière. Ça m'a aussi beaucoup appris : longtemps, mon père s'était forcé à écrire des romans parce que son éditeur le poussait à viser le Goncourt. Un jour, il a lâché cette ambition pour faire ce qu'il aimait vraiment : des textes courts. C'était sa pente naturelle. Et ça a marché. Ça fait réfléchir.
Pour un fils unique, les « people » que vous citez dans vos chansons sont autant de frères et sœurs imaginaires ?
C'est sûr qu'il y avait de la place : adolescent, je vivais à la campagne, près de Rouen, j'avais le temps de fantasmer. D'ailleurs ça a dû me marquer : j'aime beaucoup jouer sur ce rapport à la province. Vous avez remarqué : quand on fait un spectacle à Paris et qu'on cite son village d'origine, ça fait toujours rire le public – même si, en grande partie, il vient aussi des régions ! Dans mon nouveau spectacle, chaque fois que le personnage fait allusion à la province, on balance des rires enregistrés.
Justement, ce spectacle, Memory, de quoi parle-t-il ?
J'y incarne un homme qui, comme tout le monde, se pose la question du temps qui passe. Au début du spectacle, on le voit écouter une émission de radio qui fustige ceux qui se replient sur le passé au lieu de s'ouvrir aux autres... C'est un choc. Mon personnage va alors faire des allers et retours entre chez lui et l'extérieur, en se forçant un peu. C'est prétexte à plein de séquences, de fausses expos, de faux films, des scènes que je joue en direct et qui, toutes, posent la question de notre rapport au temps et à l'époque.
On entend souvent dire qu'il faut regarder vers l'avant pour ne pas mourir. Ici, j'ai voulu confronter des lieux communs : la volonté d'être toujours tourné vers l'avenir, et l'instinct – le mien, supposément – d'être replié sur le passé. C'est très délicat de parler de ce qui nous a construit sans donner le sentiment de se complaire dans la nostalgie. J'en ai un peu bavé sur ce terrain : je n'ai pas écrit la chanson Les Filles de 1973 parce que je voulais retrouver mon cartable de lycéen et faire ma rentrée en seconde. Je n'ai pas forcément bien su exprimer mon rapport au temps dans les chansons.
La chanson a ses limites ?
En vieillissant, j'ai envie que les gens assistent à un spectacle plus global, plus riche. S'ils n'aiment pas, au moins, il n'y aura pas de malentendu. Avec une chanson, on court toujours ce risque : en trois minutes, tout est plié. Les gens adorent ou détestent. Et trop de choses jouent : la gueule du chanteur, son apparence, son attitude à la télé... Des choses très anecdotiques, qui parasitent énormément la perception que les gens ont de soi et de ce qu'on fait.
Vous êtes l'un des rares à avoir ouvertement boudé les blagues d'un humoriste à la télé, en l'occurrence Stéphane Guillon, sur Canal+. C'était prémédité ?
Bien sûr. C'est devenu une mécanique atroce : les comiques débarquent, avec le droit de tirer sur tout ce qui bouge, tout en étant complètement protégés. Et nous, coincé sur notre chaise, avec un gros plan sur le visage, on se retrouve obligé de rire aux blagues d'un type qui se fout de notre gueule – sinon, ça veut dire qu'on n'a pas d'humour ou que l'on se la pète... C'est du terrorisme. De l'extérieur, je me suis souvent demandé pourquoi les gens ne réagissaient pas. Une fois sur place, on réalise qu'on est piégé. On est dans un tribunal, les caméras braquées sur soi. Est-on tenu de jouer ce jeu-là ? On vous répondra : « Dans ce cas, vous ne venez pas. » Ce qui, en clair, signifie qu'on est privé de promotion, et qu'on n'existe plus.
Vous avez le sentiment d'avoir un public homogène ?
Au début, on a toujours l'impression d'avoir un public très proche de soi. Et puis... Au moment de la dernière présidentielle, j'avais fait une chanson inédite, Pendant tout ce temps, pas franchement pro-Sarkozy. Je l'ai chantée à l'Olympia. Et j'ai reçu un courrier : « Qu'est-ce que vous croyez, que votre public est forcément de gauche ? J'ai voté Sarkozy et j'aime bien ce que vous faites. » Il faut l'accepter.
Justement, vous publiez un livre-disque pour enfants, Léonard a une sensibilité de gauche. Avec une vocation militante ?
Je n'avais pas le calendrier politique en tête. J'ai longtemps hésité à faire un disque pour enfants, ça peut être un piège. Anne Sylvestre souffre qu'on lui parle trop de ses Fabulettes ; on ramène toujours Philippe Chatel à Emilie Jolie. En gros, il ne faut pas que ça marche trop ! Mais cette fois j'étais prêt, et j'avais un thème qui colle bien à la période actuelle : qu'est-ce qu'une sensibilité de gauche ? On nous a longtemps servi la tarte à la crème selon laquelle les artistes seraient plutôt de gauche. Ces derniers temps, tout le monde dans la musique s'est décomplexé – comme la droite. Avant, donner sa musique pour illustrer n'importe quelle pub, c'était honteux ; aujourd'hui, c'est revendiqué ! Je trouvais intéressant de pointer ce glissement.
Vous publiez aussi un livre de photo...
A la fin de la tournée précédente, j'avais déjà fait un bouquin de photo, avec des textes. Ça m'avait plu, ces images complétées par des mots. Tout le monde se plaint que tout est de plus en plus formaté dans la musique, qu'il faut inventer autre chose, mais, mine de rien, c'est difficile de s'extraire d'un processus établi – studio, album, promo, tournée, etc. Les maisons de disques ont leurs habitudes, les artistes aussi. Avec ce livre, j'ai voulu aller ailleurs. J'ai 35 ans, je n'ai pas envie de faire encore dix albums qui se ressembleront.
Pourquoi faire du théâtre maintenant?
VINCENT DELERM. Parce que c’est une suite logique après ma dernière tournée qui était déjà très mise en scène. Et puis j’ai fait quatre albums et je voulais casser le rythme un album-une tournée, un album-une tournée. Je n’ai pas envie de rester derrière un piano jusqu’à 70 ans.
Vous ne voulez plus enregistrer d’albums?
Si, ça reviendra. Je chante huit chansons dans le spectacle, mais elles ne sortiront pas sur disque. J’adore écrire des morceaux, mais je trouve que le temps consacré aux arrangements, à l’enregistrement, c’est du gâchis. J’ai voulu faire l’inverse : prendre un an pour imaginer un spectacle nouveau, où je ne serais pas obligé de jouer des anciennes chansons.
Vous ne les aimez plus?
Si, mais les morceaux de mon premier album avaient pris trop de place. Quand je réentendais le disque, j’avais l’impression que c’était les mecs qui m’imitaient, qui chantaient.
Aujourd’hui, vous êtes plus détendu ?
Les gens autour de moi le disent. Mais j’ai toujours été content, même à l’époque où certains disaient des choses très violentes sur moi. Je n’ai pas envie d’être victime de ce vieux lieu commun qui consiste à dire que, sur 100 critiques, les artistes ne se souviennent que d’une seule mauvaise. Je préfère les gens qui viennent au concert en me disant : « J’ai récupéré une place parce que ma voisine était malade, je pensais m’emmerder et j’ai trouvé cela super. »
Parallèlement, vous sortez un livre-disque pour enfants, « Léonard a une sensibilité de gauche »*. C’est politique?
Non, juste le projet d’une collection de disques pour enfants. Ce n’est pas un engagement, je ne milite pas pour un candidat. C’est plutôt un échange entre parents et enfants sur la politique et l’idée de droite et de gauche en évoquant des choses anecdotiques mais réelles. Quand je pense à l’UMP, je pense à des mecs en chemise rayée ou, pour la gauche, au prof d’histoire-géo avec son collier de barbe. Je n’en parle pas encore avec mes enfants. Mes fils, Sacha et Simon, ont 4 et 2 ans. Le plus grand est juste revenu de la halte-garderie en me disant : « Sarkozy… zizi. »
Vous avez été invité à l’Elysée?
Non, mais je ne pense pas que j’irai, parce que je ne veux pas me faire embobiner, même si comme certains disent « cela ne se refuse pas ». Je n’aime pas cette expression. Tout est refusable, surtout venant des artistes. Ils ne doivent pas être là où on les attend.
Comme Woody Allen, qui vous a fait une voix off pour le spectacle?
C’est la classe, hein? (Rires.) On lui a fait passer la demande par le producteur français de ses concerts, quand il vient jouer de la clarinette. Il a enregistré à New York gratuitement! On ne s’est même pas parlé, même pas rencontrés. Le texte que j’ai écrit et fait traduire ensuite en anglais a dû lui plaire. Comme lui, mon personnage se pose beaucoup de questions.
Cela fait quoi d’être acteur justement?
J’ai toujours joué uniquement des choses que j’avais écrites. On m’avait proposé d’autres projets, notamment le rôle de Louis Garrel dans « les Chansons d’amour » de Christophe Honoré. J’ai refusé, sans doute par manque de courage et puis aussi parce que les chansons du film, écrites alors par Alex Beaupain, auraient pu être prises pour les miennes. Même quand je chante « Salade de fruits », on a l’impression que c’est un de mes morceaux..
RFI Musique : Vous préparez un spectacle inédit aux Bouffes du Nord à Paris. À quoi doit-on s’attendre ?
C’est un spectacle qui mêlera le théâtre, la vidéo, et des chansons entièrement nouvelles. Lors de la dernière tournée, je me suis dit que ce serait la dernière fois. J’ai déjà fait quatre albums suivis d’un an sur les routes, et la proportion de nouvelles chansons devenait de plus en plus faible dans mes concerts. Cela m’ennuyait un peu. Je suis encore trop jeune pour vivre sur mes succès passés. Là, ce n’est plus un concert mais un spectacle, et il n’y aura aucun vieux morceau. Pour que cela soit accepté par les fans, il fallait trouver un concept, une scénographie, une histoire. Je jouerai un personnage un peu angoissé, qui s’interroge sur le temps, et se décide à sortir, déambuler dans la ville pour échapper au repli sur soi. C’était aussi un prétexte à créer sur scène de fausses expos, de faux films. Ce sera un spectacle global. C’est aussi un soulagement pour moi d’écrire des chansons faites pour être entendues une seule fois. Cela me rappelle un peu mes débuts, sur scène et dans les médias, où il fallait que je séduise tout de suite des gens qui ne me connaissaient pas. J’avais besoin de retrouver cette sensation.
En marge du spectacle, sort Léonard a une sensibilité de gauche. D’où vient cette idée d’un livre-disque pour enfants ?
Je me souviens avoir envoyé un texto à ma maison de disque, il y a quelques mois, en leur disant : "J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que j’ai enfin une idée de livre pour enfants. La mauvaise, c’est que ça s’appellera Léonard a une sensibilité de gauche !" En fait, j’avais depuis longtemps accepté de faire un livre pour enfants pour la collection jeunesse de Tôt ou Tard, qui a de très bonnes signatures, comme Franck Monnet. Mais je tournais un peu en rond. Et puis ce titre m’est venu. De là, j’ai dénoué le fil de toute l’histoire : un grand-père qui tente d’expliquer à son petit-fils les différences entre la sensibilité de gauche et celle de droite.
Le métier de votre mère, conceptrice de livres pour enfants, vous a-t-il aidé dans cet exercice ?
Je ne crois pas, non. Ma mère fait cela depuis toujours, comme une sorte de spécialisation. Ce n’est pas mon cas. On dit que chacun porte trois chansons en lui, il faut croire que je portais en moi un livre pour enfants ! Ça m’a beaucoup amusé, mais je ne suis pas sûr d’avoir ouvert une brèche pour la suite de ma carrière.
L’écriture "jeunesse" est un exercice assez délicat, périlleux. Il faut pouvoir travailler la langue pour retranscrire la pensée d’un enfant, et faire passer un peu de soi en même temps. J’ai toujours admiré Goscinny pour cela. Le Petit Nicolas a une pensée et une syntaxe enfantines, mais on y perçoit aussi une sensibilité adulte.
Le travail d’illustration est particulièrement réussi…
C’est l’œuvre de Blanca Gómez, une dessinatrice espagnole. Quelqu’un dont j’avais les posters chez moi, dans la chambre de mes enfants, mais que je ne connaissais pas. J’aime beaucoup son approche très pure, ces personnages noirs sur fond blanc avec un simple détail de couleur. C’est assez daté, seventies, et en même temps très intemporel, tout ce que j’aime. Le fait que Jean Rochefort ait accepté d’être le narrateur était très important aussi. Je voulais un livre sans âge.
Revenons sur cette différence entre droite et gauche : vous semblez volontairement laisser les jeunes lecteurs dans le flou…
Parce que les hommes politiques restent eux-mêmes flous sur les concepts qu’ils manipulent. On attend d’eux des signaux idéologiques forts, mais ça ne vient jamais. J’ai donc pris le contre-pied avec des exemples très concrets, tirés de la vie quotidienne : les repas de famille, l’hygiène de vie…Évidemment, l’angle est plutôt humoristique et ironique, lorsque le grand-père explique qu’un poulet de droite se lave les dents pendant 3 minutes et pas 45 secondes, qu’il met de l’argent de côté ou fait du secourisme ! Je ne cherche pas à trancher le débat, simplement à le provoquer. L’élément vraiment central en revanche, c’est la notion de mélancolie, cette idée que la sensibilité de gauche pousse plutôt à l’inaction, à la contemplation. Les gens de droite autour de moi ne revendiquent pas tellement la mélancolie.
on remarquera la richesse des décors !!! :)
Qui pourrait jouer le rôle de votre vie?
Eric Elmosnino, il a un peu la même tronche que moi. Mais comme il a déjà interprété Gainsbourg...
Plutôt Beatles ou plutôt Rolling Stones?
Beatles à fond et depuis toujours. Je trouve inouï la façon dont ils ont su se regénérer sachant qu'entre deux albums, ils avaient un rythme de tournée complètement dingue. Je lis tous les livres qui paraissent sur eux, celui de leur ingé son, celui de Brian Epstein, celui du dernier intendant de John Lennon. On prête le côté expérimental à Lennon et les bonnes manières à McCartney. En fait, c'est un peu l'inverse.
Recommandez-nous un disque pour emballer?
Promenade, de Divine Comedy. Je ne suis pas sûr que ce soit super efficace pour emballer, mais si elle aime bien l'album, on part sur de bonnes bases.
Plutôt une interview avec Drucker ou plutôt avec Fogiel?
Drucker. A la fois, je n'ai rien contre Fogiel, d'ailleurs il s'est assagi.
Une chanson que vous chantait votre grand-mère?
Mon grand-père. A chaque fois, qu'on mangeait des patates, il entonnait: "C'est que sur toute la terre, oui bien, on mange des pommes de terres, et vous m'entendez bien." Mon autre grand-père, c'était Madagascar, de Bourvil, un extrait d'une opérette.
Avec qui aimeriez-vous faire un duo?
Dans un rêve, Robert Smith. Concrètement, on me dirait, c'est pour demain... Faut savoir quelle est sa place.
Et la question complémentaire: Vous avez été à un moment, un "chanteur énervant." Et vous, qui vous énerve aujourd'hui ?
Ceux qui ont des postures, des attitudes, qui se justifient de faire des musiques de pub pour pouvoir ensuite enregistrer un album librement.
Et qu'est-ce que l'on a dit de pire sur Vincent Delerm ?
Le truc désagréable, c'est lorsque qu'une personne m'aborde et me lance: "Je vous adore mais mes amis ne comprennent pas." Etre l'objet d'une discussion... Le côté il faut avoir un avis sur moi à tout prix, m'agace. On peut aussi ne pas avoir d'avis.
source ici
Dix ans après leur éclosion, les grands leaders de la "nouvelle scène française", Camille, Benjamin Biolay, Vincent Delerm et les autres prennent la pose en exclusivité pour L'Express. Le temps des copains, le temps du premier bilan.
C'est la photo de classe, dix ans après, de la promo 2001-2002. Une génération d'auteurs, compositeurs et interprètes qui a surgi comme un antidote aux candidats préfabriqués de la Star Academy. Réunis sous le label "nouvelle nouvelle chanson française" ou "nouvelle scène", Vincent, Camille, Keren et les autres n'avaient pourtant pas grand-chose en commun, sinon le fait d'émerger simultanément, d'avoir entre 20 et 30 ans, et de chanter leur vie d'une façon décomplexée. Comme, avant eux, l'avaient fait Souchon, Chatel, Simon, Jonasz et tous ces cadors de la "nouvelle chanson française".
la suite ici
13 janvier 2012 Conflans (78) - Théâtre Simone Signoret
14 janvier 2012 Vernon (27) - Espace Philippe Auguste
16 janvier 2012 Bienne (Suisse)
17-18 janvier 2012 Genève (Suisse) - Salle communale d'Onex
19 janvier 2012 Le Locle (Suisse) - Casino Théâtre
03 février 2012 Bourgouin Jallieu (38)
04 février 2012 Massy (91) - Centre Paul Bailliart
14-15-16-17 février 2012 La Rochelle (17) - Théâtre Verdière
16 mars 2012 Roubaix (59) - Colisée
17 mars 2012 Béthune (62) - Théâtre de Béthune
06 avril 2012 Amiens (80) - Maison de la Culture
26 avril 2012 Bruxelles (Belgique)
En direct de l'hôtel Costes, au coeur du Tout Paris des spectacles, Michel Field reçoit ceux qui font l'actualité du théâtre, du cinéma, de l’art, de la littérature ou de la musique , et on l'écoute ici
Ses invités :
c'est en écoute ici
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Interview où il y parle de son prochain spectacle, son livre de photo , le Cd "Léonard" , puis du rejet dont il a fait l'objet, de son écriture et de la chanson française.
J'étais au lycée en Normandie et j'entendais cette chanson qui évoque le début d'une histoire d'amour dans cette ville qui me semblait fantastique. C'était un ailleurs que j'avais envie de connaître.
J'adore les atmosphères entre chien et loup. Cette chanson donne un climat très particulier. C'est très immédiat, ça prend en 20 secondes. De Bernay, dans l'Eure, où j'habitais, je m'imaginais les lumières des salles de billard, je rêvais de ce Paris-là.
Souchon, c'est mon idole ! Lorsque je me promène à Belleville, où j'habite depuis un an et demi, je chante immanquablement cette chanson. Je ne peux pas m'empêcher de fredonner les refrains des chansons qui évoquent la rue dans laquelle je marche.
Paris inspire l'amour. J'aime ce moment où l'on tombe amoureux, on est excité dans un premier temps, puis désabusé après, car à Paris, il est difficile de faire tenir un couple. Cette chanson le dit très bien. Pourtant, Saint-Germain ne m'attire pas du tout, je trouve que ce n'est pas un quartier vivant. Avec tous ces écrivains, c'est très consanguin.
Mon amoureuse habitait plus haut que Barbès quand je l'ai rencontrée. Je passais souvent par la station de métro Château-Rouge pour aller la voir. Il y a des mots qui ont un pouvoir d'évocation grâce à leur sonorité.
Mes parents étaient des profs parisiens mutés en Normandie. Leur enfance était pour moi associée à ces noms de rue. Avec eux, je venais le week-end rendre visite à ma grand-mère qui habitait au-dessus du square Carpeaux
Il y a des endroits de Paris qui inspirent. Selon les interprétations, l'ambiance est lyrique ou plus gaie. Jean Sommer a une vision plus mélancolique que Charles Trenet qui en fait un moment joyeux rythmé par l'accordéon avec Ménilmontant mais oui madame.
En rentrant de week-end chez ma grand-mère, on passait par la porte de Saint-Cloud. Cette chanson évoque le dimanche soir, le périphérique et ses lumières orange. Dans la voiture, on écoutait «Le Masque et la Plume» : on adorait !
C'est sans doute parce qu'il est papa que Vincent Delerm peut avoir l'esprit à se lancer dans cette nouvelle aventure : composer une histoire pour les enfants. Le héros de son premier livre-CD est plus grand que son aîné. Léonard a dix ans. Il se pose beaucoup de questions et, à force d'entendre les adultes, il se demande notamment ce que veut dire « être de gauche », « être de droite ». Heureusement, Léonard a un « Grand-Pierre » qui va lui apprendre à démêler les fils bien fins qui font les différences… On en conclura, le titre le dit, que Léonard a une sensibilité de gauche ! C'est toute une équipe artistique d'excellence qui a été réunie pour ce joli livre-CD. Aux images, Blanca Gomez, une Madrilène imaginative qui aime les couleurs franches et les formes spirituelles. L'interprète est Vincent Delerm lui-même, bien sûr, mais il a le renfort de deux récitants d'élite : Jean Rochefort, avec sa voix gourmande, et Baptiste Rebotier dans la partition du jeune Léonard. D'autres jolies voix sont en appui : Albin de la Simone, Mathieu Boogaerts, J.-P. Nataf. Actes Sud Junior, Collection « Toto ou tartare » (23 €).
source
Le parcours commence à l'Européen, où Vincent Delerm se fit connaître, pour s'achever aux Bouffes du Nord, où il présente prochainement son nouveau spectacle, Memory. Entre ces deux salles, une poignée d'adresses comme autant de lieux fétiches des amateurs de concerts parisiens. Leur tracé épouse les contours de la ligne 2 du métro, d'est en ouest. Elevé à Rouen, Vincent Delerm a entendu parler de ces salles avant de pouvoir y assister à des spectacles, et, a fortiori, bien avant de s'y produire.
« J'avais vu des images télévisées d'Alain Chamfort et Steve Nieve à l'époque où ils jouaient à deux aux Bouffes du Nord. Le dernier train partait de la gare Saint-Lazare à 22h40, ce qui rendait impossible la fréquentation de concerts avant mon installation à Paris » explique-t-il.
« Je fantasmais littéralement sur la capitale. »
Avant de devenir auteur-compositeur-interprète, Vincent Delerm a étudié scrupuleusement la chanson française.
« J'aurais pu devenir journaliste, s'amuse-t-il. J'ai passé un temps fou à écouter les albums en public, afin de comprendre le rapport au public des chanteurs qui m'intéressaient. »
Une fois sur scène lui-même, Vincent Delerm a marqué le public par son aisance et sa faculté à installer un climat, notamment dans le dénuement du piano-voix. En évoquant ces lieux, Delerm revisite ainsi les dix premières années de sa carrière.
« Très tôt, je me suis dit « on verra dans dix ans », à force d'entendre des gens prédire que je disparaîtrais de la circulation au bout de deux ans. »
Dans le Panthéon personnel de Vincent Delerm, cette salle occupe une place tout à fait particulière. « Mon arrière-grand-mère y était ouvreuse à l'époque où c'était encore une salle de cinéma. Mon grand-père y a passé son enfance. Venir m'y voir chanter avait donc une résonance particulière pour lui. À une époque, le cirque Medrano était installé sur le trottoir d'en face. Les lions dormaient à l'extérieur, ce qui effrayait les passants ! » Parmi toutes les salles du quartier, celle-ci a sa préférence. « C'est la meilleure scène de Paris. Quand on y joue, on a le sentiment d'être proche du public : ça paraît tout petit alors qu'il y a tout de même 800 places. » Vincent y joue pour la première fois en septembre 2002, puis y revient régulièrement. « En 2004, j'y ai passé trois semaines, toujours en piano-voix. Je me remémore un concert que j'avais donné en étant quasi aphone. J'avais pris tant de cortisone que j'avais été complètement fermé toute la soirée. Certains spectateurs avaient envoyé leur billet pour se faire rembourser. » Vincent Delerm retrouvera la Cigale à la faveur des lancements de ses troisième et quatrième albums, pour deux semaines à chaque fois. Il s'y produira sans aucun doute à nouveau dans les années qui viennent. « C'est un endroit habité, qui correspond à mon goût pour le télescopage des époques. »
Ces deux salles quasi mitoyennes ont elles aussi été visitées par le chanteur. L'Élysée-Montmartre est désormais fermé, suite à l'incendie dont il fut victime l'an passé. Vincent Delerm eut l'occasion d'en fouler les planches, notamment lors d'un concert caritatif donné avec la complicité de la chanteuse Keren Ann. « Nous avions repris la chanson Tout doucement de Bibie, une mélodie qui va très bien à la voix de Keren Ann. Avec elle, j'avais aussi chanté Le Lundi au soleil de Claude François sur un plateau de télévision. » Quant au Trianon, qui constituait au siècle dernier un ensemble avec l'Élysée-Montmartre, c'est en compagnie de Mathieu Boogaerts que Vincent y a joué. « C'était à l'occasion de la dernière d'une de ses tournées. Avec quelques amis, dont M ou Albin de la Simone, on lui avait réservé une surprise : le rejoindre sur scène pour interpréter Ondulé à ses côtés. Je m'y suis également produit dans le cadre de la Nuit des musiciens, une soirée à laquelle participaient Dominique A et Irène Jacob. »
Cette salle de la place de Clichy a abrité les premiers concerts de Vincent Delerm, en avril 2002, date de sortie de son premier album. Tous les soirs pendant quatre semaines, il y partagea la scène avec Jeanne Cherhal. « Ce truc m'a transformé ! J'avais l'impression d'être passé dans une machine. Au début, personne ne me connaissait. En sortant, tout le monde avait un avis sur ce que je faisais », se souvient-il. « Jouer ici, c'était un peu un rêve. J'y avais vu un spectacle de Jean-Jacques Vannier intitulé L'Envol du pingouin, ainsi qu'un concert de Julien Clerc. » Seul au piano, Delerm impose alors sa personnalité et son humour. « Avant les dates, je me disais “Pourvu qu'il n'y ait pas un autre mec seul au piano avec une chemise noire qui se produise à Paris !”» La trouvaille de Delerm fut l'utilisation d'une voix off préenregistrée diffusant des messages comme « Merci beaucoup d'être ici » ou « C'est un endroit qui représente beaucoup pour moi », manière de désamorcer le rituel du music-hall. Ces concerts parisiens furent suivis d'une série de prestations dans le reste de la France, qui confirmèrent l'émergence d'une personnalité avec laquelle il faudrait désormais compter.
Son spectacle, entre concert et théâtre, a été créé dans cette salle atypique, qui marque une nouvelle étape dans le parcours de Vincent Delerm. Pour autant, Memory ne marque pas sa première incursion aux Bouffes du Nord. Après y avoir donné plusieurs concerts, il fut invité l'an passé à y animer la présentation de la saison. « Macha Makeïeff, qui y assistait, m'a contacté par la suite pour envisager un projet. » Avec elle, il envisage d'effectuer son retour sur scène sans passer par le traditionnel circuit « album-promotion-tournée » et ce, pour la première fois de sa carrière. « Je n'avais, cette fois, pas envie de refaire un disque. Mes nouvelles chansons ont été conçues dans le cadre de cette création. » Entre théâtre, cinéma et concert, Memory évoque notre difficulté à vivre le présent. « Il était cohérent de présenter cela dans cette salle », explique-t-il. « J'ai assisté à des concerts très forts de Têtes Raides ici, ainsi qu'à une belle mise en scène de La Mouette, de Tchekhov, avec Irène Jacob. C'est un endroit étonnant, où la scène est de plain-pied. On y éprouve une sensation très différente des théâtres à l'italienne traditionnels. » La première fois que Vincent Delerm y a donné des concerts, c'était avec des musiciens. « On avait fait une semaine avec Cyril Vanberghe, un quatuor à cordes et un contrebassiste. C'était comme un test, après des années passées seul sur scène. » Et si le théâtre des Bouffes du Nord était, pour Vincent Delerm, l'écrin idéal où expérimenter de nouvelles formes artistiques ?
source iciIl n'est de pires Parisiens que les provinciaux ! J'ai souvent pensé cela à la sortie de mon premier album, il y a dix ans. Je n'avais alors en effet pratiquement jamais vécu à Paris, et ce disque ne parlait que de cette ville. Un Paris fantasmé, espéré. S'en sont suivis certains malentendus et, notamment, celui de me faire parler régulièrement de mes bonnes adresses dans la capitale, alors que je n'en connaissais que très peu… Puis ces demandes se sont espacées, tandis que, paradoxalement, je me familiarisais avec cette ville dans laquelle, entre-temps, j'avais fini par m'installer. J'avoue n'avoir longtemps maîtrisé de Paris que les horaires de rétrospectives Jacques Tati rue Champollion, les dates de concert de The Divine Comedy à la Cigale, les adresses de librairies passage Jouffroy. J'habitais Rouen et, à une heure de train, il y avait en sortant de Saint-Lazare cette ville de spectacle, de livre, de cinéma permanent. C'est la raison pour laquelle j'étais très heureux qu'on me propose aujourd'hui de faire un petit tour d'horizon de tous ces domaines, qui m'ont finalement mené jusqu'à cette ville. Adolescent, un cousin chanteur m'avait parlé de l'ultramoderne solitude que l'on peut y trouver. La chanson commençait par «Ça se passe boulevard Haussmann à cinq heures…». Merci, journal du 14, boulevard Haussmann !
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«Je n'ai jamais eu le sentiment d'être très loin du théâtre en composant mes chansons. En dix ans, j'ai signé quatre disques, j'ai fait quatre tournées : le spectacle était constitué de 1 h 20 de musique et de chansons et de 20 minutes d'autre chose. Du jeu, de l'interprétation, un personnage.
Avec Memory , je vais plus loin. Il s'agit de vraiment théâtre, mais la musique, les images, la chanson y ont une place essentielle. J'admire JeanBaptiste et Victoria Thierrée et leur Cirque invisible , car toutes les formes de la représentation sont convoquées et l'on va du rire à l'émotion, de la prouesse à la simplicité, d'un même mouvement.
C'est ce dont je rêve pour Memory. Au départ, Olivier Poubelle m'avait demandé de brèves interventions lors de la présentation de saison des Bouffes du Nord, dont il est codirecteur avec Olivier Mantéi. Je m'étais amusé… et cela nous a conduits à ce projet, sous le regard et les conseils de Macha Makeïeff, présente ce jour-là !
Si l'on peut définir un argument, ce serait le chemin de Simon, un homme qui se pose des questions sur le temps qui passe, sur le sens de sa vie. J'interprète Simon, accompagné d'un musicien multi-instrumentiste, Nicolas Mathuriau. J'ai un piano droit, moins imposant que ceux de mes concerts, et je joue et chante une dizaine de chansons, toutes inédites. Je suis loin d'être seul dans cette aventure qui me plaît… En prologue, on entend la voix de Woody Allen qui a accepté d'enregistrer un texte pour le spectacle et, en ouverture, Olivier Broche passe à la radio… Ensuite, on passe dans la ville, figurée en décor léger et dans les lumières de Nicolas Maisonneuve.
Il y a beaucoup d'images dans ce spectacle et notamment des films familiaux, anonymes, en super-huit, que j'ai achetés. On danse, on chante au cœur de fêtes, mariages, communions. Moi, j'ai filmé des fêtes foraines… C'est la vie, notre “mémoire” commune qui passe, pour moi, par Avec le temps de Léo Ferré… »
« Le théâtre a toujours été présent dans ma vie. Nombre de mes amis sont comédiens, metteurs en scène et, dans tous mes spectacles de chanson, le théâtre a eu sa part. J'ai joué une première pièce que j'avais écrite, intitulée Enfin toujours est-il que voilà, en 1997. C'était très confidentiel ! Sept ans plus tard, Sophie Lecarpentier a mis en scène au Rond-Point Le Fait d'habiter Bagnolet. C'est Marie Payen et Frédéric Cherboeuf qui jouaient… avec Sébastien Trouvé, bruiteur. »
Pas vraiment passionné par la chose culinaire, Vincent Delerm a un rapport distancié à la nourriture. Ce qui n'exclut pas quelques aveux déroutants sur ses bons et mauvais goûts.
La gastronomie, ce n'est pas votre truc ?
C'est vrai, j'ai tendance à penser comme François Truffaut que c'est une perte de temps. Je n'aime pas les repas qui s'éternisent, je déteste l'idée du grand service, de quelqu'un penché sur votre épaule tout le temps d'un déjeuner. Il y a dans le restaurant un mélange de contrainte, de compétition et d'envie de faire plaisir qui ne vont pas ensemble. Tout cela me semble bien excessif. J'ai d'ailleurs beaucoup de mal à m'extasier sur des plats, à dire qu'un poulet est une « tuerie », des mots comme ça…
Quels sont vos endroits préférés ?
Comme je suis provincial, j'ai beaucoup fantasmé Paris à travers ses cafés, ses brasseries de quartier. En arrivant, j'ai voulu voir certains lieux qui appartiennent à sa mythologie. Le Café de la Mairie (place Saint-Sulpice) par exemple, à cause du film La Discrète. Sinon, j'aime les cafés comme celui-ci (La Sardine, place Sainte-Marthe, NDLR), où je peux écrire tranquillement l'après-midi, à partir de 14 h 30-15 heures. J'ai vécu aussi du côté de Cadet et je vais encore au Corso, place Franz-Liszt (Xe). Tout a changé depuis, mais il reste un serveur à l'ancienne qui a fait du music-hall autrefois et a plein de choses à raconter. J'aime les conversations qui s'initient quand les restaurants se vident.
Vos plats favoris ?
Le couscous, le saucisson chaud aussi. Attention, le stéphanois, pas le lyonnais qui est trop détrempé. Je sais, ce n'est pas hyperdiététique, mais bon… J'adore aussi les crêpes, enfin tout ce qui peut mener à ma perte ! Je garde également un souvenir ému de la flammekueche et des Daim, qui me rappellent les vacances en Suède avec mes parents. Sinon, je suis assez fromage : rien ne m'apaise plus qu'une bûche de chèvre en cas de stress.
Il vous arrive de faire la cuisine ?
Absolument. Du riz au thon avec du Kiri dedans. J'aime bien aussi donner des vitamines à mes enfants, leur préparer des smoothies avec plein d'oranges, de pamplemousses et de citrons. J'ai alors l'impression de faire quelque chose de bien pour ma famille.
On s'est tout dit ?
Encore une chose : je sens que les biscuits à apéritif n'évoluent plus. Depuis les Pringles, ça stagne. Et c'est dommage.
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Qu'est-ce que vous évoque la foire Saint-Romain?
Vincent Delerm: «C'est large. J'y suis allé un peu à tous les âges de ma vie. Enfant, quand mes parents étaient au Festival du livre jeunesse. Etudiant, avec les copains. Et encore maintenant. Il y a toujours cette lumière du mois de novembre.»
Quand avez-vous pris ces photos?
«L'an dernier. Elles font partie d'une série, que j'ai faite en deux heures, juste avant que les manèges ne s'animent. J'aime cette symbolique du spectacle, le moment où ça ouvre. On voit la préparation, l'envers du décor. Ce n'est pas toujours glamour.»
Tous vos clichés sont accompagnés d'une phrase qui commence par Probablement. Pourquoi?
«Parce que ce sont des moments où l'on essaie d'imaginer ce qu'il va y avoir plus tard, quand il y aura beaucoup d'ambiance. Certains trucs me sont venus en voyant la photo, en sentant la vie qu'il y a derrière.»
Cet ouvrage, c'est un livre de souvenirs pour vous?
«C'est juste suggéré. A aucun moment je ne dis «je». Je reste neutre, détaché. Cela donne parfois des choses mélancoliques.»
Sur l'une des photos, on voit les banderoles contre le déménagement de la Saint-Romain. Un avis?
«Ça n'a pas de sens de la mettre ailleurs. On traverse le pont et la foire est là, c'est comme ça. Les reflets dans l'eau font aussi partie de l'ambiance de la Saint-Romain.»
Vous avez montré votre livre aux forains?
«Non… Et je n'en ai pas spécialement envie. Ce n'est pas forcément l'image qu'ils ont de leur manège. Je veux pouvoir continuer à me balader à la foire comme je veux!»
Dédicace de Vincent Delerm demain jeudi à 18 heures à la librairie L'Armitière, 88 rue Jeanne-d'Arc.
On peut réecouter Vincent Delerm sur RFI sur leur site ici
il reprend
Georges Moustaki « Il est trop tard »
Alain Souchon, « Rien ne vaut la vie »,
il interpréte aussi sa chanson « La vipère du Gabon ».
sortie demain 03 novembre 2010
- Livre-Cd pour enfants
L'histoire: Un grand-père (Jean Rochefort) et son petit-fils dialoguent à propos de tout, de rien, de sensibilité, de poulets, d'écharpes et de politique. Léonard a dix ans et se pose des tas de questions, il voudrait comprendre ce que veut dire "être de gauche", savoir si "de droite" ça existe et si on a une plus belle vie quand on est "de gauche". Une conversation tendre et loufoque rythmée par les chansons de Vincent Delerm.
On peut réecouter le concert sur le site de France Inter ici
Video de BennyGoodTips
Charles Aznavour, Alain Souchon, -M- et une vingtaine d'autres artistes se sont produits sur la scène du théâtre du Châtelet mardi pour une soirée de soutien au Japon à l'initiative de Jane Birkin.
Après que la voix de Charles Trenet chantant en japonais a résonné dans la salle, Catherine Deneuve a ouvert la soirée en lisant un poème de Takasuke Shibusawa.
Au cours de la représentation, Lou Doillon, Charlotte Rampling et Lambert Wilson ont également lu des textes et des poèmes en résonance avec la catastrophe traversée par le peuple japonais.
Puis des représentants de la chanson française de toutes les générations se sont succédé sur scène pour interpréter un de leurs titres seul ou en duo.
Vincent Delerm et Alain Souchon (le premier au piano, l'autre juché dessus) ont chanté ensemble "J'ai perdu tout ce que j'aimais", Olivia Ruiz a fait danser la salle sur "J'traine des pieds", Bernard Lavilliers a été très applaudi pour son "On the road again" seul à la guitare...
Charles Aznavour a clos le concert avec "Sa Jeunesse" puis "La Javanaise" pour un duo avec Jane Birkin en présence de l'ensemble des artistes au moment du final.
Les fonds récoltés lors de cette soirée, retransmise en direct sur France Inter, seront reversés à La Croix Rouge japonaise.
"Les gens qui ont été touchés par la catastrophe sont des pauvres, des pêcheurs, des agriculteurs. Ils ne savent pas de quoi leur vie va être faite maintenant", a souligné Jane Birkin, en présence du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, dans un Châtelet qui n'avait pas fait le plein.
"On ne peut que montrer notre amour, montrer qu'on pense à eux", a dit la chanteuse.
Dans une courte allocution, l'ambassadeur du Japon en France, Yasuo Saito, a voulu "témoigner la profonde gratitude du peuple japonais pour la solidarité et le soutien" de la France.
Indépendamment de cette soirée, un gala de charité au bénéfice du Japon réunissant une vingtaine de stars mondiales de la danse, était organisé mardi au Palais des Congrès.
source ici
théâtre du châtelet (PARIS ier), hier. Vincent Delerm et Alain Souchon ont charmé la salle en chantant « J’ai perdu tout ce que j’aimais ». (lp/yann foreix.)
source ici
Irène Jacob rencontre Vincent Delerm sur la 11ème piste (Ne serait-y pas ?)de son album "Je sais nager".
En écoute ici
Mardi 31 mai 2011 à 20 heures 30 au théatre du Chatelet Paris
source : Asterios
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