Pas le goût d’énerver

Posted by chris | Posted in , , | Posted on jeudi, février 26, 2009


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Pourquoi ce choix de proposer des spectacles complets, avec scénographie et mise en scène, plutôt que de simples tours de chant?


Je trouve ça normal! Dès le départ, j’ai toujours voulu qu’il se passe autre chose que les chansons seules. Je suis même étonné qu’il n’y ait pas plus de gens qui le fassent. C’est aussi un truc personnel: j’ai fait beaucoup de théâtre et j’aime ces ambiances-là. Et les techniciens deviennent très impliqués dans le spectacle. Sur un an de tournée, c’est très précieux d’avoir une équipe toujours active, qui a envie que tout se passe bien.


Que ce soit dans certains sons ou dans les références, par exemple à Patrick Dewaere ou François de Roubaix, on sent votre intérêt pour les années 1970: d’où vient-il?

Je ne saurais pas trop dire. Je suis né en 1976. Je ne connais donc pas cette période-là, mais le milieu des années 1970 m’a toujours touché. Que ce soit dans le domaine de la chanson, de la musique, des films ou des feuilletons: j’adore Columbo! C’est un climat aussi, celui d’une génération qui a cru entrapercevoir ce qu’allait être l’an 2000. Dans les années 1970, en France, il y a eu beaucoup de destructions pour reconstruire des choses modernes… Qui sont devenues très moches, mais on avait l’impression que ça allait être ça, la beauté du futur. Ce que l’on retrouve dans les sons, avec les premiers synthétiseurs. Je pense que tout le monde aurait été déçu à l’époque si on leur avait dit comment allait être l’an 2000. Mais il y a quelque chose de touchant dans cette période de mutation.

A la sortie des Piqûres d’araignée, vous disiez avoir tenu compte de certaines critiques, notamment concernant le name dropping. Là, vous en avez remis une bonne couche…

Oui, j’ai fait attention une fois… C’était une expérience: il fallait que ce soit un disque qui me ressemble, mais en même temps qui dise: «OK j’ai entendu, on se calme!» Pour celui-ci, je suis revenu à quelque chose de très naturel et spontané. Ce qui explique aussi les formats courts.

L’album contient de nombreuses références aux Etats-Unis…

C’est un fantasme de loin: je ne me prive pas de parler d’un sujet que je ne connais pas! Sur mon premier album, je parlais beaucoup de Paris que je ne connaissais pas du tout à l’époque… Après, j’y ai vécu et ça m’a semblé assez conforme à ce que j’en disais. Pour les Etats-Unis, c’était un peu pareil: j’ai une vision très liée à Woody Allen, aux photographes new-yorkais, à la littérature américaine… J’ai été beaucoup immergé là-dedans à un moment de ma vie et de nouveau durant la période d’écriture des chansons. L’album suinte un peu ça sans que je n’aie jamais mis les pieds aux Etats-Unis.

Aujourd’hui que les critiques se sont un peu calmées, avez-vous des explications sur les réactions parfois violentes que vous avez suscitées?

C’est vrai que ça s’est un peu calmé, mais il reste un truc épidermique, lié à la voix, peut-être. Je ne les explique pas trop. C’est curieux parce que j’en entends plus parler que je ne le constate au quotidien. Dans la rue, les gens ne me crachent pas dessus… Et puis, je n’ai rien fait pour ça: je n’ai pas le goût d’énerver. Certains l’ont en eux, Domenech en conférence de presse, par exemple. Peut-être est-ce dû au fait que j’ai eu un peu de chance, que sur mon premier album je chantais bizarrement et qu’on se demandait pourquoi lui?… Et quand je faisais des télés, je n’étais pas très jouasse… Il y avait un petit délit de sale gueule aussi: si je ne fais pas un effort pour sourire, ma tête de base n’est pas très Plus belle la vie!

C’était sûrement aussi un procès d’intention sur les références. C’est marrant, d’ailleurs: mon premier album a été considéré comme intello parce qu’il était question de Fanny Ardant et de Trintignant… Ce qui veut dire que la chanson est vraiment un domaine où on n’attend pas ça. On veut que ce soit Christophe Maé! En littérature, jamais quelqu’un reprochera à quiconque de faire des références, ni dans un film de citer une chanson. Là, tout de suite ça fait le mec qui veut faire le malin.

Vous êtes en lice dans la catégorie meilleur album aux Victoires de la musique qui se tiendront le 28 février: une soirée importante?

C’est important parce que c’est une grosse télé: je ne passe jamais sur le service public entre 21 h et minuit, à part pour les Victoires. Après, c’est difficile de savoir pourquoi on y est ou pas. Il y a une dimension un peu hasardeuse. Mais quand tu y es, c’est drôle: c’est un grand barnum assez impressionnant, avec des journalistes partout, des photographes partout, des chanteurs connus partout… C’est un cirque et c’est chouette d’être invité.

En concert le 20 mars à La Chaux-de-Fonds (L’heure bleue), le 21 mars à Monthey (Théâtre du Crochetan)


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