Vincent Delerm continue de faire son cinéma

Posted by chris | Posted in , , , | Posted on jeudi, novembre 26, 2009


Peut-on dire que votre spectacle est plus cinématographique que jamais ?
>> Le dernier album (Quinze chansons, ndlr) était centré là-dessus. Sur la tournée précédente, j'avais peu joué les chansons de mon premier disque parce que j'étais dans un concept plus music-hall. Ici, c'était l'occasion de refaire des chansons comme Deauville sans Trintignant et donc de renouer avec un univers cinématographique.
Jacques Tati, Antoine Doisnel, François Truffaut, Woody Allen traversent le concert. Sont-ils vos références ?
>> Complètement. Je me suis dit que quitte à faire une sorte d'hommage au cinéma qui me fait rêver, autant être assez complet. Ce n'est pas gratuit, il faut que cela reste dans une logique qui intègre mes chansons.

Le visionnage du DVD permet d'avoir la tendance des chansons qui cartonnent : on pense notamment au « Monologue shakespearien », à « Fanny Ardant et moi »...
>> D'une manière générale, les chansons de mon premier disque existent souvent un peu plus facilement que les autres. Si les gens n'ont qu'un album de moi, c'est régulièrement le premier. Le monologue shakespearien bénéficie aussi d'une mise en scène plus spectaculaire que sur d'autres morceaux. Après, une chanson peut avoir un succès ou non selon son positionnement dans la set list.

Vous reprenez « L'amour en fuite » de Souchon. Un clin d'oeil à votre modèle ?
>> Alain Souchon, c'est mon idole.
Cette chanson m'a toujours fait de l'effet même si ce n'est pas mon film préféré de Truffaut (la chanson sert de générique de fin, ndlr).
Pourquoi avez-vous modifié les couplets de « Tes parents » ?
>> Ce n'est pas un texte très intellectuel, je me suis donc amusé à proposer une variante. Je ne ferais pas ça sur des chansons plus littéraires comme Châtenay-Malabry .
« Ce n'est pas vraiment
mon truc de chanter debout »
Qu'est-ce qui se passe dans votre tête pour écrire « Un tacle de Patrick Vieira n'est pas une truite en chocolat » ?
>> J'aime les titres à rallonge. Et puis, il y a déjà eu tellement de titres de chansons que parfois j'ai envie de faire le malin avec quelque chose de totalement décalé.

Votre performance est parfois proche de celle d'un acteu r.
>> Je ne sais pas ce que ça donnerait dans un domaine purement cinématographique. Mais la chanson permet de toucher à des choses de façon dilettante.
Vous sentez-vous désormais plus à l'aise quand vous chantez debout ?
>> Je préfère bien sûr être au piano.
Ce n'est pas vraiment mon truc de chanter debout, il faut que je trouve une position ou que je m'appuie sur un pupitre. Comme j'ai appris à chanter en étant assis au piano, c'est toujours plus difficile pour moi de faire autrement.

Pour accompagner le DVD, il y a un livre qui est un carnet de route de la tournée. Était-ce l'envie du moment ?
>> Quand je suis en tournée, je n'arrive pas à être dans la création d'autres chansons. Même s'il y a beaucoup de temps morts avec le concert, je suis quand même tendu vers l'énergie du soir. Là, je me suis dit que c'était l'occasion de retracer cette vie un peu spéciale. Les gens imaginent des choses qui sont loin de celles qu'on vit vraiment.
Dans les phrases d'après-concert que le public vous adresse régulièrement, vous retenez notamment celle-ci : « En fait, vous êtes drôle ». N'y a-t-il pas parfois un malentendu vous concernant ?
>> Cela a toujours été. Au début, je me disais que c'était de l'incompréhension et un peu de mauvaise foi aussi. À la télévision, je suis nettement moins à l'aise : vous ne faites qu'une seule chanson, un imitateur vient se foutre de votre gueule... Ce ne sont pas les meilleures conditions possibles et ce n'est pas trop mon univers. Je préfère installer les choses dans la durée. Les gens qui viennent au concert ont donc une image plus proche de ce que je suis dans la vie.

Vous écrivez aussi dans ce carnet : « Le public lillois, c'est un truc ».
>> Je n'ai pas fayoté beaucoup de publics dans le livre. Mais vous êtes un peu au courant, il se passe toujours quelque chose de particulier dans le Nord. Et c'est même encore plus fort sur cette tournée.


PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICE DEMAILLY > patrice.demailly@nordeclair.fr
source ici