Vincent Delerm a sorti la bobine des grands jours

Posted by chris | Posted in , , | Posted on dimanche, décembre 13, 2009


Au cinéma, une fois passé le générique de fin et malgré les supplications d'un public

pas encore rassasié, on ne voit jamais le projectionniste remettre un bout de pellicule sur le grand écran. Vendredi soir, Vincent Delerm, en réalisateur méticuleux, aurait pu, comme il en a l'habitude, boucler le film de son concert sur le clap de fin prévu. Les spectateurs seraient rentrés chez eux, satisfaits d'avoir assisté à un moment fort agréable, au cours duquel Vincent a fait du Delerm, embarquant le Colisée dans les références cinématographiques qui jalonnent une bonne partie de ses chansons depuis son tout premier album. Tout y était : mise en scène léchée, gags scéniques, pépites humoristiques, et surtout, un appel à la culture filmesque d'un spectateur, invité à passer du cinéma américain des années 50 à Jacques Tati, sans oublier Truffaut.

À des années lumière du Delerm en noir et blanc d'il y a quelque temps, quand le chanteur un brin snob, peut-être gêné, restait froid à l'enthousiasme des fans. C'était peut-être ainsi qu'il était, il y a 6 ans, quand il avait chanté à la Piscine de Roubaix. Mais, au Colisée, changement de décor. De la couleur, de l'autodérision, un bon paquet de chansons anciennes pour emballer les nouvelles, tout était réuni pour rendre le concert aussi brillant qu'une Palme d'or. Mais à l'heure où les lumières devaient s'éteindre, Vincent Delerm a relancé le film. Particulière, la « séance » de vendredi soir l'était un peu. C'était l'avant-dernière de la tournée, avec famille et amis dans la salle. Pour cet extra, Vincent Delerm a eu le renfort d'un acteur souvent dans l'ombre des stars qu'il épaule : Albin de la Simonne, qui s'est emparé du piano comme le faisaient les accompagnateurs des films de Buster Keaton. Mais vendredi soir, face à un public toujours enclin à doubler la bande originale, Vincent Delerm a brillamment tenu sa place : parlant, chantant, vivant ce superbe rôle avec le naturel des grands acteurs. • M. G.

source : La voix du Nord