L’homme-orchestre

Posted by chris | Posted in , , , | Posted on jeudi, décembre 08, 2011



Pourquoi faire du théâtre maintenant?
VINCENT DELERM.
Parce que c’est une suite logique après ma dernière tournée qui était déjà très mise en scène. Et puis j’ai fait quatre albums et je voulais casser le rythme un album-une tournée, un album-une tournée. Je n’ai pas envie de rester derrière un piano jusqu’à 70 ans.

Vous ne voulez plus enregistrer d’albums?

Si, ça reviendra. Je chante huit chansons dans le spectacle, mais elles ne sortiront pas sur disque. J’adore écrire des morceaux, mais je trouve que le temps consacré aux arrangements, à l’enregistrement, c’est du gâchis. J’ai voulu faire l’inverse : prendre un an pour imaginer un spectacle nouveau, où je ne serais pas obligé de jouer des anciennes chansons.

Vous ne les aimez plus?

Si, mais les morceaux de mon premier album avaient pris trop de place. Quand je réentendais le disque, j’avais l’impression que c’était les mecs qui m’imitaient, qui chantaient.

Aujourd’hui, vous êtes plus détendu ?

Les gens autour de moi le disent. Mais j’ai toujours été content, même à l’époque où certains disaient des choses très violentes sur moi. Je n’ai pas envie d’être victime de ce vieux lieu commun qui consiste à dire que, sur 100 critiques, les artistes ne se souviennent que d’une seule mauvaise. Je préfère les gens qui viennent au concert en me disant : « J’ai récupéré une place parce que ma voisine était malade, je pensais m’emmerder et j’ai trouvé cela super. »

Parallèlement, vous sortez un livre-disque pour enfants, « Léonard a une sensibilité de gauche »*. C’est politique?

Non, juste le projet d’une collection de disques pour enfants. Ce n’est pas un engagement, je ne milite pas pour un candidat. C’est plutôt un échange entre parents et enfants sur la politique et l’idée de droite et de gauche en évoquant des choses anecdotiques mais réelles. Quand je pense à l’UMP, je pense à des mecs en chemise rayée ou, pour la gauche, au prof d’histoire-géo avec son collier de barbe. Je n’en parle pas encore avec mes enfants. Mes fils, Sacha et Simon, ont 4 et 2 ans. Le plus grand est juste revenu de la halte-garderie en me disant : « Sarkozy… zizi. »

Vous avez été invité à l’Elysée?

Non, mais je ne pense pas que j’irai, parce que je ne veux pas me faire embobiner, même si comme certains disent « cela ne se refuse pas ». Je n’aime pas cette expression. Tout est refusable, surtout venant des artistes. Ils ne doivent pas être là où on les attend.

Comme , qui vous a fait une voix off pour le spectacle?

C’est la classe, hein? (Rires.) On lui a fait passer la demande par le producteur français de ses concerts, quand il vient jouer de la clarinette. Il a enregistré à New York gratuitement! On ne s’est même pas parlé, même pas rencontrés. Le texte que j’ai écrit et fait traduire ensuite en anglais a dû lui plaire. Comme lui, mon personnage se pose beaucoup de questions.

Cela fait quoi d’être acteur justement?

J’ai toujours joué uniquement des choses que j’avais écrites. On m’avait proposé d’autres projets, notamment le rôle de Louis Garrel dans « les Chansons d’amour » de Christophe Honoré. J’ai refusé, sans doute par manque de courage et puis aussi parce que les chansons du film, écrites alors par Alex Beaupain, auraient pu être prises pour les miennes. Même quand je chante « Salade de fruits », on a l’impression que c’est un de mes morceaux..